Le harcèlement sexuel est un phénomène culturel omniprésent au Liban que ce soit dans la rue, à l’université ou même au travail. Mais aujourd’hui la femme possède ses propres armes…
J’ai dit NON : Apprenez à vous munir contre un harceleur !
Le harcèlement sexuel est un phénomène culturel omniprésent au Liban que ce soit dans la rue, à l’université ou même au travail. Mais aujourd’hui la femme possède ses propres armes : les aventures de Salwa, un groupe formé par des activistes féministes qui luttent becs et ongles pour mettre un terme au harcèlement sexuel.
Est-ce que l’idée de la campagne des aventures de Salwa a été conçue au terme d’une expérience personnelle avec le harcèlement sexuel ?
– Les aventures de Salwa s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de sensibilisation qui a été lancée il y a un an par 4 activistes féministes en vue de lutter contre le harcèlement sexuel qui est devenu une chose normale voire tolérée par notre société. C’est une expérience partagée par toutes les femmes qui ont été harcelées sexuellement et n’ont pas pu exprimer leur colère. Ces femmes se sont rencontrées et ont réalisé qu’elles ont énormément d’histoires à partager concernant ce harcèlement sexuel. Elles ont décidé de prendre des mesures contre ce harcèlement et le fruit de cette coopération a été la création les aventures de Salwa. Cette Salwa représente chaque femme dans ce pays qui se bat et ne se soumet pas aux insultes.
Quels sont les conseils que vous donnez aux femmes pour lutter contre le harcèlement sexuel qui pourrait avoir lieu sur les routes ou même sur le lieu de travail ?
– En premier lieu, chaque femme doit s’armer par sa culture, son intelligence et son courage pour faire face à de telles situations. Elle ne devrait pas culpabiliser si jamais elle est harcelée sexuellement, c’est uniquement l’harceleur qui devrait se sentir coupable et subir les conséquences de ses actions. Ce harcèlement n’est pas un genre de «flirting» mais c’est une menace contre la sécurité, l’intégrité et la dignité de toute femme. Ensuite, chaque femme doit mettre un terme aux harcèlements de la personne et au cas où cette dernière ne s’arrête pas, elle devrait contacter une personne dans un poste d’autorité, que ce soit à l’université ou au bureau conformément à la politique d’anti-harcèlement si elle existe. Si jamais une femme marche dans la rue et est suivie par quelqu’un, elle devrait directement faire semblant de contacter une personne par téléphone ou de saluer quelqu’un qu’elle connait. Toute femme peut directement crier pour attirer l’attention de l’entourage. Pour ce qui est d’un harcèlement sexuel tout en conduisant une voiture, toute femme doit directement prendre une route connue par ses amies ou sa famille pour exposer son harceleur ou même contacter les autorités sécuritaires.
Quelles sont les procédures légales qu’une femme peut prendre pour lutter pour ses droits contre le harcèlement sexuel ?
– Les femmes au Liban souffrent d’un manque de protection légale pour ce qui est du harcèlement sexuel notamment dans le Droit du travail et du Code pénal. C’est pourquoi nous avons entamé une campagne de sensibilisation afin d’amender dans les articles du Droit du travail et du Code pénal. Cependant, certaines compagnies et universités ont mis en place des politiques internes pour lutter contre le harcèlement sexuel. Malheureusement, un grand nombre de femmes refusent de dénoncer leur harceleur à cause de la mentalité de la société qui incombe à la femme la responsabilité du harcèlement. Nous devons donc travailler sur le changement de cette mentalité ainsi que sur les amendements au niveau légal.
Est-ce que vous travaillez en coopération avec des politiciens et des groupes politiques pour faire la lumière sur ce dossier au Parlement ou au Conseil des ministres ?
– Nous sommes un mouvement qui a été créé par un soulèvement social pour lutter contre le harcèlement sexuel et sensibiliser la population sur ce sujet. Nous avons préféré rester loin des politiciens qui utiliseront ce sujet pour assurer leurs propres fins politiques sans prendre en considération les véritables besoins de ces femmes. Notre objectif est de permettre aux femmes de travailler elles-mêmes pour revendiquer leur droit sans avoir recours à des faveurs ou à des «ingérences étrangères».